Ville de demain La 3e édition de la Biennale d’architecture et de paysage ou Bap! a pris ses quartiers à Versailles (78) jusqu’au 13 juillet 2025. Axée sur la préservation de la biodiversité et l’adaptation des villes au changement climatique, cette édition 2025 propose 9 expos permanentes à découvrir aux 4 coins de la ville du Roi-Soleil. À l'occasion de l'ouverture, rencontre avec 4 architectes et paysagistes commissaires d'exposition.
Si vous habitez Versailles (78), ou que vous y êtes passé récemment, les affiches et calicots jaune et noir de la Bap! n’ont pas pu vous échapper. En effet, jusqu'au 13 juillet 2025, la ville accueille la Biennale d’architecture et de paysage (Bap!) de la Région Île-de-France.
L’architecture face au changement climatique
Dans plusieurs lieux de la cité versaillaise, l’architecture est à l’honneur au travers de 9 expos permanentes et d’événements dédiés à la ville de demain. Une ville qui devra s’adapter aux impacts du changement climatique et notamment à la multiplication des canicules de grande ampleur.
À l’occasion de ce lancement, nous sommes allés à la rencontre de 4 architectes et paysagistes commissaires d'exposition qui vous proposent de découvrir leur travail jusqu’au cœur de l’été.
Retrouvez le programme de la Bap! en ligne
Pour avoir un résumé du programme de la 3e édition de la Biennale d'architecture et de paysage, rendez-vous sur cette page de notre site.
Pour tout savoir en détail des expos et des événements prévus, et pour préparer au mieux votre visite, rendez-vous sur le site de la Bap!
Paroles d'architectes et de paysagistes
« 4 degrés entre toi et moi »
En 2100, la région parisienne pourrait ressentir un climat similaire à celui des pays du Sud. Une hausse de +4°C qui transformera nos écosystèmes, déplaçant plantes et animaux vers le nord.
Installée au cœur de l’École d’architecture de Versailles, cette exposition illustre au travers d’exemples concrets quels dispositifs pourraient nous aider à nous adapter, comme nous l’explique Philippe Rahm, commissaire de l’exposition : « En 2100, il fera très chaud l’été avec plus de 50°C certains jours, il y aura de grandes sécheresses et des canicules de plus d’un mois. Il y aura un glissement des climats entre l’équateur et les pôles. Or, l’architecture de nos villes est adaptée au climat tempéré. Les urbanistes d’aujourd’hui doivent donc s’inspirer de l’architecture des pays du Sud pour bâtir dans le futur. Notre exposition présente des exemples et illustre comment on vit dans les endroits chauds avec des solutions pratiques. On sait par exemple que l’on peut faire diminuer la chaleur à l’intérieur d’un bâtiment par convection, radiation, conduction et évaporation. Nous montrons donc des exemples de fontaines intérieures que l’on trouve par exemple en Inde ou au Maroc, des systèmes de trous en hauteur dans les plafonds pour faire sortir l’air chaud. Ces solutions sont toujours utilisées par les architectes dans les pays chauds. Notre expo illustre ces solutions au travers du travail de 58 architectes. Il y a également à découvrir notre vision d’un Paris qui s’adapte à ce nouveau climat. Finalement, notre exposition est une boîte à outils offerte au public et aux urbanistes. »
« Nous… le climat »
Au cœur du Potager du Roi, l’exposition « Nous… le climat » se matérialise par une table jaune longue de 300 m qui invite à s’asseoir, partager, discuter et apprendre autour des métiers du paysage.
Michel Hössler, paysagiste urbaniste et commissaire de l’exposition nous en dit plus : « Nous nous sommes installés pour cette exposition “Nous… le climat” dans le Potager du Roi, un lieu historique, qui normalement est fermé. Ce “Nous” collectif englobe tous ceux qui sont impliqués dans la question du climat. Au travers de ce travail, nous nous demandons comment lutter contre l’imperméabilisation des sols et la baisse de la biodiversité. Sur une grande table qui traverse le potager, soumise aux éléments et aux aléas climatiques, nous montrons au public un certain nombre de solutions développées au travers de multiples projets qui répondent à ces questions. Ces réponses concrètes, et parfois poétiques, ont été mises au point en collaboration avec des architectes, des écologues, des urbanistes ou encore des hydrologues. Le but est de savoir comment fabriquer les espaces publics de demain, comment concevoir des lieux qui soient en capacité de répondre aux enjeux des dérèglements climatiques. »
« Tout garder/tout changer. Réparer et prendre soin des villes »
Cette exposition vise à partager les solutions inventives et positives pour réparer et transformer les villes et les territoires, les adapter aux effets des dérèglements climatiques, les faire durer et ainsi trouver les justes équilibres.
Co-commissaire de l’exposition, Christine Leconte nous parle de ce travail qui est à découvrir dans les locaux de l’ancienne Poste de Versailles : « Notre exposition s’adresse vraiment au grand public. Notre approche n’est pas de ne parler que du carbone et du réchauffement climatique, mais également de traiter de toutes les autres problématiques du monde de demain. Nous le faisons par le prisme des habitants. Notre exposition propose donc 9 récits d’anticipation qui évoquent la vie de 9 personnes et des enjeux de leurs vies qui sont liés à la ville. La scénographie de l’exposition a été réalisée avec les portes des chambres des athlètes du Village olympique des Jeux de Paris 2024. Alors peut-être que l’une de ses portes était celle de la chambre de Léon Marchand ou de Simone Biles ! (rires) L’intérêt est donc également de montrer que l’on peut faire une expo en réemploi, qu’il y a plusieurs vies pour les matériaux. L’idée est donc de ne rien jeter, de tout garder pour tout changer. En plus de ces récits, le visiteur découvrira 50 projets architecturaux présentés de manière très simple à l’aide de maquettes, de plans et de photos pour comprendre comment nos villes doivent évoluer dans le futur. Pour nous c’est un futur très optimiste qui nous offrira une meilleure cohésion sociale grâce à l’architecture. »
« Changer les climats »
L’exposition « Changer les climats » explore la manière dont les environnements bâtis peuvent être transformés en écologies urbaines en produisant des microclimats améliorés.
Paysagiste et commissaire de cette exposition, Bas Smet nous décrit cette installation à découvrir au musée Lambinet : « Dans cette exposition, je montre comment, face à la crise macro-climatique, nous pouvons imaginer des microclimats, c’est-à-dire changer le climat d’un lieu. Nous essayons donc d’envisager et de comprendre la ville comme un enchaînement de microclimats. Par exemple, les bâtiments modifient les vents, les rues et les trottoirs, jouent un rôle dans la perméabilité des sols ou le ruissellement des eaux. L’étude d’un lieu sous l’angle microclimatique permet d’imaginer des projets urbains qui changent ce microclimat. Je le montre dans cette exposition au travers de recherches que j’ai faites avec mes étudiants à Harvard sur les villes de New-York (États-Unis) et de Paris. Je le montre également au travers de 2 projets récents. L’un dans la ville d’Anvers, en Belgique, où nous montons des digues pour lutter contre la montée des eaux ; le second à Arles, où nous avons transformé une friche industrielle qui avait un climat semi-désertique en un climat méditerranéen grâce à la plantation de 80 000 végétaux. Enfin, l’exposition se termine par une grande maquette des abords de Notre-Dame de Paris qui montre ce que l’on sait faire. Cette maquette est munie d’un support qui reprend les températures en surface mesurées par le GIEC avec un code couleur qui commence dans le bleu en 1850 pour terminer en 2100 dans le rouge. Le public sort donc de l’exposition avec une double notion : la gravité de la situation dans laquelle nous nous trouvons, mais aussi un espoir en sachant qu’il est possible de créer ces microclimats. »
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